Imaginez Paris en 2026 sous une canicule de 50°C qui dure depuis plusieurs semaines. Cette fiction*, racontée sur Twitter depuis le 30 mai dernier, donne des frissons tant certains faits paraissent bel et bien réels. Il faut dire qu’elle a coïncidé avec deux canicules qui ont frappé coup sur coup la capitale en juin et en juillet et dont un troisième épisode se poursuit actuellement. Novethic a rencontré son co-auteur, Alexandre Florentin, élu écologiste à Paris et président d’une mission sur "Paris sous 50°C" qui va démarrer à la rentrée.

À quoi ressemble Paris sous 50°C ?


Les directeurs d’école sont obligés de renvoyer les enfants chez eux en raison des températures. Au bout d’une semaine de canicule, la gare Montparnasse est prise d’assaut par les Parisiens qui essaient de fuir. Puis, les transports sont à l’arrêt. Les stations de métro désaffectées sont rouvertes au public et le musée du Louvre est réquisitionné pour que les habitants puissent se mettre au frais. Il y a aussi de l’entraide de façon implicite. Une application est lancée pour localiser les caves ouvertes et les endroits climatisés.

Comment avez-vous imaginé ce récit ?


J’ai mené une quarantaine d’entretiens dans le 13e arrondissement de la capitale avec les écoles, un EHPAD, les services funéraires, les pompiers, les commerçants, pour savoir comment ils avaient vécu les précédentes canicules et comment ils se préparaient à celles à venir. Et puis on a inventé une réaction politique et sociale à des événements donnés. À chaque fois, on s’est demandé si on poussait le bouchon trop loin ou si on avait simplement peur de ce qu’on pouvait imaginer car ça pouvait être proche de la réalité.  

Pourquoi avoir choisi une date aussi proche que 2026 ?


Nous voulions créer de la surprise, interpeller voire choquer. Et en février, quand nous avons lancé le projet, nous ne pensions pas que nous serions touchés par une canicule précoce en juin, une longue canicule en juillet… A priori, nous n’aurons pas une canicule qui durera trois ou quatre semaines en 2026, avec un pic à 50°C mais ce n’est pas ça qui compte. Peut-être que ce qu’on décrit se passera à 46 ou 48°C, l’important c’est de s’y préparer. Nous avons aussi écrit ce scénario avec en ligne de mire un grand exercice de gestion de crise face à une méga-canicule qui va être organisée par la ville de Paris et la préfecture en juin prochain.

Comment faites-vous pour garder encore de l’espoir ?


Je me dis que soit on cuit, soit on fuit, soit on agit. Moi j’ai décidé d’agir. Il y a sans doute quelque chose de culturel, avec un père vietnamien qui n’a jamais rien lâché, qui ne s’est jamais plaint. J’ai cultivé une forme de résilience personnelle malgré le racisme, les agressions. Ma flamme de vie est très forte et je me dis que je n’ai pas le droit de baisser les bras. De toute façon, je ne me pose pas la question. En fait, il m’est inconcevable de faire autrement. Je suis allé vers la politique parce que c’est mon instinct de survie qui parle.

Quelle est la prochaine étape ?


Je pense à créer une histoire de vie positive avec un Paris qui s’est adapté au changement climatique, et qu’on pourrait appeler "Paris Cocotiers". La ville serait massivement végétalisée avec par exemple des brigades de citoyens en charge de l’entretien de ces espaces. Il faut qu’on ait ce débat sur l’adaptation, sur ce qu’on veut sauver, sur qu’on est prêts à abandonner. Quand on parle d’isolation, on me parle d’esthétique, de bâtiments classés. Il va falloir trancher. C’est le genre de discussions que nous aurons au sein de la mission d’information et d’évaluation que je présiderai à la rentrée sur les méga-canicules à Paris. Par contre il ne faut pas avoir la main qui tremble parce qu’on est au pied du mur. 
Propos recueillis par Concepcion Alvarez @conce1
*La fiction "Paris 50°C" à découvrir sur Twitter.

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